Livraison de glace carbonique : comment allier optimisation du transport réfrigéré et respect des normes de sécurité ?
18 juin 2025 par Edina GÁLFI
Le transport de produits réfrigérés et congelés est un défi majeur pour de nombreuses industries, en particulier celles manipulant des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques, ou encore des équipements sensibles à la température. Parmi les solutions utilisées pour maintenir une température adéquate, la glace carbonique ou glace sèche. Son utilisation nécessite une bonne compréhension de ses caractéristiques, des règles de sécurité liées à son transport, ainsi que des bonnes pratiques de manipulation et de stockage.
Cet article explore les applications de la glace carbonique dans le transport réfrigéré, ses avantages, ainsi que les règles de sécurité et de manipulation qui doivent être suivies pour garantir une expédition réussie.
1. Comment répondre à un besoin spécifique en transport réfrigéré grâce à la glace carbonique ?
La glace carbonique est une forme solide de dioxyde de carbone (CO2). Contrairement à la glace traditionnelle, qui fond et se transforme en eau, la glace carbonique se sublime en gaz à une température de -78,5°C. Ce phénomène de sublimation est particulièrement utile dans le cadre de l’expédition de produits sensibles, car il permet de maintenir une température extrêmement basse sans le risque d’humidité associée à la fonte de la glace hydrique.
Applications de la glace carbonique dans le transport réfrigéré
La glace carbonique est utilisée dans divers secteurs où le maintien de températures basses est essentiel. Parmi les secteurs les plus concernés, on retrouve :
- L’industrie alimentaire : Pour le transport de produits surgelés.
- La logistique pharmaceutique : Notamment pour le transport de médicaments et de vaccins nécessitant une température très basse et stable.
- Les laboratoires de recherche : Pour les échantillons biologiques ou les produits chimiques qui doivent être conservés à une température très basse.
La glace carbonique présente plusieurs qualités qui en font une source de froid particulièrement performante :
- Froid puissant : avec une capacité frigorifique de 297 kJ/kg de LCO₂, elle assure un maintien à température efficace.
- Froid sans résidu : elle se sublime directement en gaz sans laisser de trace liquide, ce qui est idéal pour le transport de produits sensibles à l’humidité.
- Froid durable : elle peut provenir de procédés de retraitement du CO₂, offrant ainsi une solution plus vertueuse sur le plan environnemental.
- Froid agile : elle est disponible sous différentes formes (neige, pellets, blocs, sticks), permettant une adaptation optimale à chaque usage : santé, alimentaire, e-commerce, etc.
2. Pourquoi est-il essentiel de bien comprendre les règles de sécurité liées à la manipulation de la glace carbonique ?
Transport de glace carbonique : règlementation
Le transport de la glace carbonique est soumis à une réglementation stricte, notamment en raison des risques liés à sa manipulation. En effet, en sublimant, la glace carbonique libère du dioxyde de carbone (CO₂) gazeux, un gaz incolore et inodore qui peut entraîner un risque d’asphyxie lorsqu’il s’accumule dans un espace confiné ou mal ventilé.
Il est donc indispensable de respecter les normes de sécurité et de prévoir une ventilation adéquate lors du transport ou du stockage.
Seuil d’alerte : la concentration en CO₂ dans l’air ne doit pas dépasser 0,5 % (5 000 ppm) pour une exposition continue en milieu professionnel, selon les recommandations européennes. Un taux supérieur à 1 % (10 000 ppm) peut déjà entraîner des effets physiologiques (maux de tête, nausées), et au-delà de 5 %, les risques deviennent critiques.
Il est fortement recommandé d’utiliser des capteurs de CO₂ dans les véhicules ou locaux de stockage, et de former les équipes aux bonnes pratiques de sécurité.
La réglementation pour l’expédition avec de la glace sèche dépend du type de produit transporté, du mode de transport utilisé et du pays de destination. En Europe, la réglementation se fonde principalement sur la législation internationale du transport de marchandises dangereuses, notamment :
- Le règlement ADR (Accord Européen relatif au transport international des marchandises Dangereuses par Route) qui inclut des dispositions sur la manipulation et le transport des substances telles que la glace carbonique.
- L’IMDG Code (International Maritime Dangerous Goods Code) pour le transport maritime.
- Le règlement IATA (International Air Transport Association) pour le transport aérien, encadre strictement le transport aérien de glace carbonique, considérée comme une matière dangereuse (UN1845). Son utilisation est autorisée à condition de respecter des règles précises pour garantir la sécurité des passagers, de l’équipage et du fret.
La quantité de glace carbonique autorisée à bord est limitée :
- Jusqu’à 200 kg par conteneur ou unité de chargement, selon les conditions spécifiques de ventilation et d’emplacement.
- Un avion peut transporter plusieurs de ces unités, tant que le total respecte les plafonds fixés par la compagnie et le constructeur de l’aéronef.
- Chaque envoi doit être accompagné d’une déclaration indiquant la masse nette de glace carbonique, le type d’emballage et les conditions d’utilisation, notamment la capacité de ventilation.
Enfin, tous les colis doivent être étiquetés de manière visible avec la mention « Dry Ice / Glace carbonique » et le numéro ONU 1845, ainsi qu’un pictogramme de danger.
Ces règlements stipulent notamment :
- Ventilation adéquate :L’utilisation de glace carbonique nécessite une ventilation efficace pour éviter l’accumulation de CO₂, qui peut entraîner des risques d’asphyxie.
Selon la réglementation, la concentration de CO₂ dans l’air ne doit pas dépasser 5 000 ppm (0,5 % en volume). Pour garantir cela, il est recommandé de prévoir au moins 5 à 10 renouvellements d’air par heure dans les espaces clos. À titre indicatif, on considère qu’il faut environ 4 à 5 m³ d’air ventilé par kilo de glace carbonique stocké. Dans les véhicules ou locaux confinés, des détecteurs de CO₂ sont fortement conseillés pour alerter en cas de dépassement.
- Quantité limitée : Le transport de glace carbonique est strictement encadré, avec des limites spécifiques selon le mode de transport afin de réduire les risques liés à la sublimation du CO₂ :
Transport aérien (règlement IATA) : la quantité maximale autorisée est généralement 2,5 kg par colis, avec une quantité totale par avion pouvant atteindre 200 kg à 1 000 kg, selon la configuration et la ventilation de l’appareil.
Transport routier (ADR) : au-delà de 1 000 kg, une signalisation spécifique est obligatoire. En dessous, le transport peut être réalisé sans équipement particulier, sous certaines conditions de ventilation.
Transport maritime (IMDG) : les quantités varient selon la classification, mais la glace carbonique est généralement acceptée comme marchandise non dangereuse, si bien ventilée et correctement emballée.
- Emballage et étiquetage : Les colis contenant de la glace carbonique (désignée comme « Dry Ice » ou UN1845) doivent être correctement étiquetés et emballés conformément aux réglementations en vigueur (IATA, ADR, IMDG).
Les mentions suivantes sont obligatoires :
- Mention « Dry Ice » ou « Glace carbonique »
- Nom technique du produit : Carbon dioxide, solid
- UN Number : UN1845
- Quantité nette de glace carbonique (en kg)
- Nom et adresse de l’expéditeur
- Pictogramme de danger (diamant noir avec « UN1845 »)
- Mention « Asphyxiant » ou « Risque d’asphyxie possible » dans certains cas
- Mention du mode de transport si applicable (ex : « Cargo Aircraft Only »)
Les emballages doivent être ventilés pour permettre la libération du gaz et conçus pour résister à la pression sans fuite.
Stockage sécurisé de la glace carbonique
Le stockage de la glace carbonique doit également respecter des normes strictes pour garantir la sécurité et l’efficacité de son utilisation. En raison de son caractère dangereux, la glace carbonique ne peut être stockée dans des espaces fermés et mal ventilés. Voici les bonnes pratiques à suivre pour un stockage sécurisé :
- Ventilation : Les zones de stockage de glace carbonique doivent être parfaitement ventilées, car le dioxyde de carbone libéré par sublimation est plus lourd que l’air et s’accumule au sol, créant un risque d’asphyxie. En complément de la ventilation, l’installation d’un détecteur de CO₂ est obligatoire dans les espaces clos ou semi-clos.
Selon les normes de sécurité (notamment la norme européenne EN 50545-1), ces détecteurs doivent :
- Être calibrés pour des seuils d’alerte précis (ex. : 5 000 ppm = seuil d’exposition prolongée, 30 000 ppm = seuil critique d’alerte immédiate),
- Être positionnés à basse hauteur, à proximité du sol,
- Être connectés à un système d’alarme sonore et visuel,
- Être testés régulièrement pour garantir leur fiabilité.
Ces mesures sont indispensables pour assurer une manipulation sécurisée de la glace carbonique, notamment dans les entrepôts logistiques, véhicules fermés ou containers isothermes.
- Conditions de température : Bien que la glace carbonique soit extrêmement froide (–78,5 °C), son efficacité dépend fortement des conditions ambiantes. La température maximale de stockage recommandée est de +26 °C pour éviter une sublimation accélérée. Pour préserver ses performances thermiques, la glace doit être stockée dans des contenants adaptés, comme les conteneurs isothermes Olivo, conçus pour limiter les pertes de CO₂.
A titre d’exemple, un BAC320 rempli permet de conserver la glace pendant 10 jours sans ouverture, dans un environnement à +26 °C.
En conditions réelles :
Jour 1 : le taux de sublimation est d’environ 5 à 7 % du volume initial,
Jours suivants : la perte est plus progressive, entre 2 et 4 %/jour sans ouverture,
Avec ouvertures régulières, les pertes peuvent monter à 5–6 % par jour selon la fréquence et la durée d’ouverture.
Ces performances démontrent l’intérêt des solutions Olivo pour prolonger l’autonomie thermique tout en réduisant les pertes logistiques et les besoins en réapprovisionnement.
- Manipulation avec précaution : La manipulation de la glace carbonique doit se faire avec des gants de protection spécifiques pour éviter les brûlures par le froid pouvant entraîner la perte des membres. De plus, elle ne doit jamais être ingérée ni inhalée, et il est important de garantir que le personnel soit formé aux risques potentiels liés à son utilisation.
Sensibilisation des opérateurs : une priorité pour une manipulation sécurisée
La glace carbonique, bien que très efficace pour le transport sous température dirigée, présente des risques importants si elle est mal manipulée. Il est donc essentiel de former les opérateurs à ses spécificités et aux dangers potentiels : brûlures par contact direct, risques d’asphyxie, manipulations inadaptées…
Cette sensibilisation doit inclure des consignes claires :
- Porter systématiquement des EPI (des gants isolants homologués et des protections oculaires).
- Ne jamais confiner la glace dans un récipient hermétique, en raison de la pression créée par la sublimation.
- Surveiller la ventilation dans les zones de travail et connaître la conduite à tenir en cas de symptôme d’intoxication au CO₂.
- Comprendre le fonctionnement des détecteurs de CO₂, s’ils sont présents, et savoir réagir en cas de déclenchement d’alerte.
Une formation initiale, accompagnée de rappels réguliers et d’un affichage clair des consignes dans les zones de manipulation, contribue à instaurer une culture de sécurité indispensable à la chaîne logistique du froid utilisant la glace carbonique.
3. Quels sont les avantages de la glace carbonique dans la logistique du froid ?
Le recours à la glace carbonique pour le transport réfrigéré présente de nombreux avantages, notamment pour les produits sensibles qui nécessitent un contrôle de température strict et constant. Elle constitue une solution de froid autonome particulièrement efficace dans le cadre d’une logistique du froid optimisée.
- Maintien d’une température constante : un froid puissant
La glace carbonique permet de maintenir des températures extrêmement basses — jusqu’à –78,5 °C — sans fluctuation, ce qui est crucial pour les produits pharmaceutiques, les produits alimentaires surgelés ou les échantillons biologiques. Sa capacité frigorifique élevée (297 kJ/kg) en fait une source de froid puissant, particulièrement adaptée aux expéditions longues ou aux environnements exigeants, où un maintien thermique rigoureux est impératif.
- Absence de liquides : un froid sans résidu
Contrairement à la glace classique qui fond et libère de l’eau, la glace carbonique passe directement de l’état solide à l’état gazeux via un phénomène de sublimation. Cela signifie qu’elle ne laisse aucun résidu liquide, ce qui élimine les risques d’humidité, de contamination ou de détérioration des emballages. Ce froid sans résidu est un véritable atout pour les chaînes logistiques qui transportent des biens sensibles, ou dans des secteurs où l’hygiène est primordiale (santé, cosmétique, agroalimentaire…).
- Transport flexible et durable : un froid écologique
La glace carbonique peut être produite à partir de CO₂ recyclé, issu de processus industriels (notamment la fermentation ou la production d’ammoniac). Elle représente ainsi une solution de froid durable, limitant l’empreinte carbone comparée aux systèmes de réfrigération actifs. De plus, elle permet de se passer de groupes frigorifiques énergivores lors du transport, ce qui réduit les coûts d’exploitation tout en améliorant l’impact environnemental de la chaîne logistique.
- Adaptabilité aux usages : un froid agile
La glace carbonique est disponible sous différentes formes — pellets, sticks, blocs, neige — qui répondent chacune à des besoins spécifiques en matière de conditionnement, de durée ou d’intensité de refroidissement. Cette agilité en fait une solution idéale pour des opérations de transport variées, qu’il s’agisse de livraisons express urbaines ou de circuits logistiques complexes à l’échelle internationale. Combinée à des contenants performants comme les conteneurs isothermes Olivo, elle offre une réponse sur mesure à chaque scénario logistique. ?
Pourquoi la glace carbonique s’impose-t-elle comme une solution d’avenir pour la logistique du froid ?
À l’heure où les enjeux liés à la durabilité, à la sécurité sanitaire et à l’optimisation des flux deviennent centraux, la glace carbonique s’impose comme un vecteur d’innovation pour la logistique du froid. Grâce à ses performances thermiques, sa flexibilité d’usage et son faible impact environnemental lorsqu’elle est issue de CO₂ recyclé, elle offre aux acteurs du transport réfrigéré une solution agile et performante.
Mais son potentiel ne s’arrête pas là : intégrée dans une chaîne logistique intelligente, combinée à des systèmes de traçabilité avancés et à des équipements connectés, la glace carbonique peut contribuer à réinventer la logistique du froid de demain, plus résiliente, plus sobre, et plus efficace.
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