3 axes HACCP incontournables dans la grande distribution
7 avril 2025 par Edina GÁLFI
12 mai 2025 par Edina GÁLFI
Dans le cadre de l’édition 2025 du SITL, les professionnels du transport et de la gestion des données se sont réunis lors d’une conférence consacrée à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) et du protocole eFTI (Electronic Freight Transport Information). Ce temps d’échange fut animé par IN GROUP, experts de la donnée logistique, avec l’intervention d’acteurs publics et privés engagés dans la digitalisation du transport.
Ensemble, ils ont dressé un état des lieux sans détour : la transition numérique du secteur n’est plus une option. Elle est urgente, stratégique, et surtout, inégalement amorcée.
Cette conférence a mis en lumière les défis, mais aussi les opportunités d’une digitalisation structurée et intelligente du transport de marchandises.
Le transport vit une transformation aussi discrète que fondamentale : celle du passage du document papier à la donnée numérique structurée. Au SITL 2025, la conférence dédiée à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) et du protocole eFTI (Electronic Freight Transport Information) a permis de prendre la mesure d’une révolution silencieuse… mais inévitable. Une transition qui bouleverse les pratiques, creuse les écarts entre les acteurs du secteur, et surtout, ouvre des perspectives de performance à ceux qui choisissent de s’y engager pleinement.
C’est le constat qui a ouvert la conférence, et il est sans appel : les grands groupes logistiques avancent à grande vitesse dans la digitalisation de leurs processus, tandis que les petites et moyennes structures peinent encore à franchir le premier palier. Cette fracture numérique n’est pas seulement technologique, elle est aussi organisationnelle et culturelle.
Beaucoup de TPE/PME n’ont pas encore équipé leurs chauffeurs de smartphones professionnels. D’autres rechignent à installer des applications sur les téléphones personnels de leurs équipes, faute d’accords RH ou de politiques internes adaptées. Et surtout, les contraintes du quotidien – livrer à l’heure, faire face aux imprévus, gérer les coûts – prennent souvent le pas sur les projets de transformation, pourtant cruciaux à long terme.
Mais peut-on encore se permettre de retarder l’échéance ? La digitalisation du transport n’est plus un luxe, c’est un prérequis stratégique. L’essor de l’IA, la multiplication des exigences réglementaires, et l’évolution des attentes clients imposent une révision complète des modes de fonctionnement.
Le protocole eFTI, soutenu par l’Union européenne, vise à digitaliser et harmoniser les échanges de documents dans le transport de marchandises. Il s’agit notamment de dématérialiser les lettres de voiture (CMR), documents de douane, bons de livraison, certificats, etc., dans un format lisible par tous les systèmes d’information logistiques, qu’ils soient publics ou privés.
Mais sa mise en œuvre soulève de nombreuses questions :
La réalité actuelle est encore très loin de ces ambitions. Une part significative des échanges logistiques repose toujours sur des documents papier, fax ou e-mails non structurés. Une aberration à l’heure où les flux doivent être synchrones, partagés en temps réel, et interopérables.
Sans donnée fiable, pas d’intelligence artificielle. Sans structuration numérique, pas de pilotage efficace. Le eFTI ne doit donc pas être vu comme une obligation bureaucratique, mais comme un socle indispensable pour rendre la chaîne logistique plus fluide, plus prédictive et plus transparente.
La conférence l’a clairement rappelé : l’intelligence artificielle n’a pas vocation à remplacer les acteurs humains de la chaîne logistique. En revanche, elle va profondément transformer leurs méthodes de travail, leur capacité d’anticipation et leur rôle dans le pilotage de la performance.
Prenons quelques exemples concrets d’application :
Mais pour que ces outils fonctionnent, encore faut-il qu’ils aient accès à des données structurées, fiables et à jour. L’IA ne peut “apprendre” qu’à partir de ce qu’on lui donne à analyser. Et si l’information de départ est fragmentée, mal qualifiée, ou capturée manuellement, l’intelligence reste… très artificielle.
Ce que cette mutation révèle, c’est un changement de paradigme profond. Le transport ne consiste plus uniquement à “déplacer des marchandises”, mais à orchestrer des flux d’information synchrones avec des flux physiques.
Dans le secteur de la logistique du froid, ce changement prend toute son ampleur. En effet, la gestion des marchandises thermosensibles exige une traçabilité et une fiabilité des informations d’un autre niveau. L’identité numérique des acteurs (expéditeurs, transporteurs, destinataires) devient une composante essentielle du processus : authentifier qui a transporté quoi, quand, comment, et sous quelles conditions devient une exigence incontournable des clients et des régulateurs. L’ère des documents tamponnés à la main et des transmissions papier est en train de disparaître, au profit d’un système numérique transparent et sécurisé.
La traçabilité, dans ce cadre, devient encore plus fine et précise. Il ne s’agit plus seulement de savoir si un colis a été livré, mais aussi de comprendre l’ensemble de son parcours : les conditions de transport, les variations de température, les changements de mode de transport, ou encore les éventuels temps d’attente qui pourraient compromettre la qualité des produits. Pour les produits sensibles comme les denrées alimentaires réfrigérées, les produits pharmaceutiques ou les matières dangereuses, chaque variation de température doit être enregistrée, auditable et en temps réel. Cela permet de garantir non seulement la sécurité des produits, mais aussi de renforcer la confiance des clients et des autorités de régulation.
Dans ce contexte, plusieurs types de données critiques doivent être captés et remontés : la température des produits, les ouvertures et fermetures des portes des rolls ou conteneurs isothermes, les éventuelles ruptures de la chaîne du froid, ou encore les temps d’arrêt et changements de sites logistiques.
Pour répondre à ces exigences, Olivo travaille en partenariat avec différents fabricants de data loggers et propose des solutions adaptées aux besoins spécifiques de chaque client. Qu’il s’agisse de capteurs de température intégrés, d’enregistreurs autonomes ou de dispositifs connectés pour suivre les ouvertures de portes, nous sommes en mesure d’intégrer les technologies répondant précisément au cahier des charges de chaque projet.
Au-delà de la logistique elle-même, cette évolution s’inscrit également dans un cadre de conformité réglementaire renforcée. Les normes en matière de sécurité alimentaire, de transport de produits pharmaceutiques ou de matières dangereuses, ainsi que les exigences sociales européennes imposent un contrôle strict des conditions de transport. L’eFTI, en centralisant les données et en offrant une meilleure visibilité tout au long de la chaîne logistique, devient un levier fondamental pour répondre à ces défis. Mais cette visibilité accrue impose aussi une plus grande rigueur dans la gestion des données et la traçabilité des informations.
Ainsi, l’intégration du eFTI dans la logistique du froid n’est pas seulement une question de conformité administrative, mais une véritable opportunité de garantir des standards de qualité élevés, d’optimiser les coûts et de se préparer à un futur où la fiabilité des informations et la transparence des processus seront des critères déterminants pour rester compétitif dans ce secteur en pleine évolution.
Le passage du papier à la donnée est souvent vécu comme une montagne à gravir pour les petites structures. Pourtant, plusieurs leviers concrets existent :
Plutôt que de vouloir tout digitaliser en une seule fois, mieux vaut choisir un périmètre restreint (ex : dématérialiser les lettres de voiture), puis élargir progressivement le champ d’application. La réussite tient à la progressivité.
Il existe aujourd’hui des applications simples, peu coûteuses, et conçues pour les PME. L’important est de choisir des outils interopérables, capables d’évoluer avec l’entreprise.
La digitalisation ne se décrète pas : elle se vit. Il faut donc former, expliquer, tester, et surtout, associer les opérationnels pour éviter les effets de rejet. Un outil n’est efficace que s’il est utilisé.
Des structures comme Bpifrance, les organisations professionnelles ou certains partenaires technologiques peuvent accompagner le changement : diagnostics, formations, financements, coaching numérique… les ressources existent, encore faut-il les mobiliser.
En définitive, l’adoption de l’eFTI et de l’IA dans le transport ne se résume pas à une simple “modernisation” des processus. Elle porte une ambition plus large : celle de construire une logistique plus agile, plus fluide, plus respectueuse de ses parties prenantes et de son environnement.
Moins de documents à imprimer, c’est moins de papier gaspillé. Moins d’erreurs humaines, c’est plus de fiabilité. Une meilleure anticipation, c’est moins de retards, moins de kilomètres inutiles, moins de stress pour les équipes.
Cependant, cette transition vers une logistique plus numérisée et automatisée soulève une question cruciale : qu’en est-il de l’empreinte carbone des infrastructures à construire pour faire fonctionner le système ? En effet, si les outils numériques et l’IA peuvent réduire l’utilisation de ressources matérielles telles que le papier et les véhicules, leur mise en œuvre nécessite des infrastructures digitales robustes. La gestion des données en temps réel, le stockage dans des centres de données ou le déploiement de solutions d’intelligence artificielle reposent sur des équipements énergivores, qui, à leur tour, génèrent une empreinte carbone.
Il est donc essentiel de considérer ces aspects dans la planification de la transition numérique. Bien que la digitalisation et l’intelligence artificielle permettent de gagner en efficacité, elles doivent être accompagnées de stratégies visant à limiter l’impact environnemental global. Cela peut passer par l’utilisation de centres de données alimentés par des énergies renouvelables, la réduction de la consommation d’énergie des systèmes, ou encore la mise en œuvre de solutions logistiques plus vertes et optimisées.
Oui, le virage numérique est complexe. Oui, il exige des efforts. Mais il est aussi porteur d’un immense potentiel de simplification, d’optimisation, et de différenciation.
Les entreprises qui sauront passer du papier à la donnée – avec méthode, avec ambition, et avec leurs équipes – seront celles qui tireront leur épingle du jeu dans les années à venir.
Parce qu’au fond, la donnée logistique n’est pas un simple outil… c’est un levier de compétitivité.